Nous croyons que pour faire ville contemporaine il faut une vision politique forte, des gens motivés et des projets radicaux ayant pour postulat des questions de société. Nous avons donc participé à l'élaboration du projet du hameau du blat, souhaité par le maire de Beaumont et son conseil municipal, porté par la Fondation de France, dessiné par l'architecte Patrick Bouchain et dont nous avons accompagné les habitants dans un processus de cooptation et de validation financière.

Les objectifs de ce projet étaient multiples, proposer un habitat à l'accession à la propriété pour les très bas salaires (SCIAPP), penser un beau projet sur un terrain tout aussi beau (châtaigneraies à flan de colline), expérimenter l'éco-habitat partagé et en parti auto-construit, tenter de sauver l'école primaire du village, dont la baisse du nombre d'écolier pouvait la soumettre à fermeture.

Nous avons donc mené des ateliers de programmation participative selon la méthode de Stéphane Gruet (PACT 07) pour le montage financier et nous avons animé la constitution du groupe d'habitants, selon la méthode de cooptation.

 Pour en savoir plus 
télécharger l'étude préalable de l'Atelier Construire ou encore les intentions et l'équipe ou encore le dossier du programme Leader

« Comment faire (re)vivre une commune rurale du coteau cévenol de l’Ardèche du sud, noyée dans sa forêt de châtaigniers, peuplée de paysans de souche, d’exilés volontaires des années soixante dix et de résidents secondaires ou retraités ? Comment donner à une population plus jeune l’envie et surtout les moyens de reprendre une activité ou de développer de nouveaux métiers dans un environnement fortement hypothéqué par la spéculation immobilière? Comment permettre à des familles de venir faire souche et de faire naître une nouvelle génération au pays ? Comment donner un sens politique, social, culturel, éthique à cet acte fondateur d’une volonté renouvelée d’habiter l’espace rural ? » Voici les questions énoncées par le Maire de Beaumont, Pascal Waldschmidt.

De l’accumulation de ces questions est née la volonté de l’équipe municipale de Beaumont d’investir la châtaigneraie du Blat, pour y développer un nouveau champ d’expérimentation sur les modes d’habiter.

Si aujourd'hui, les initiatives de coopératives d'habitants fleurissent un peu partout en France, leur concrétisation reste longue et compliquée à mettre en œuvre. Elles naissent souvent de la volonté d'un petit groupe de gens à la recherche d'un nouveau mode d'habiter en lien avec leurs envies personnelles et collectives. En règle générale, ces expériences sont une réponse à une offre immobilière souvent inadaptée. Elles font rapidement face à l'absence de statut juridique ou à des obstacles financiers. A bien des égard le projet mis en place par la commune de Beaumont a permis d’éviter ces écueils.

La mission de LALCA d’Organisme de Médiation et de Programmation Coopératice (OMPC) a démarré en mars 2010 lors d'une réunion publique d'information sur le projet, organisée par la commune de Beaumont. notre rôle a été d'accompagner et de révéler les projets individuels et collectifs de ceux qui ont fait le choix de venir habiter à Beaumont ; 8 familles vivront à terme dans les 8 maisons à construire. Nous avons ainsi travaillé à constituer le futur groupe de coopérateurs selon les principes méthodologiques définis par l'AERA et Stéphane Gruet sur la mise en œuvre des coopératives en SCIAPP (Société Civile Immobilière pour l'Accession Progressive à la Propriété). Les personnes ayant répondu présent à l'appel venaient des départements d'Ardèche, mais aussi du Rhône et du Vaucluse. Il s'agissait de futurs habitants et d'élus  de communes voisines intéressés par la démarche. Le rythme des réunions a été soutenu, tous les quinze jours pendant plus d'une années, afin de créer une dynamique de groupe. Notre objectif était de favoriser le débat au sein du groupe, d'anticiper les sujets potentiellement conflictuels dans la vie de la coopérative, d'aider chaque habitant à défendre sa position jusqu'à parvenir à une décision collective et unanime et enfin d'établir des compte-rendus contractualisant les étapes de la démarche et les décisions prises.

Lalca a donc participé à ce projet pionnier où l'échange entre les acteurs était privilégié et où la singularité de chaque parcours prise en compte. Bâtir un projet commun, soit définir ses besoins et affirmer ses choix dans la vie collective et individuelle, ne trouve une résonnance que dans le temps que l'on prend à se connaître et à connaître son environnement.